Nous avons été accueillis par l’ENS, l’Ecole Normale Supérieure, une grande école située rue d’Ulm à Paris, non loin du Panthéon ; cette école est très sélective puisque seuls les plus brillants élèves scientifiques ou littéraires y sont admis, après deux ou trois années de classes préparatoires, à l’issue d’un concours très exigeant : il y a très peu d’admis par an sur toute la France et le programme du concours est très difficile. Cette grande école délivre un enseignement universitaire et son but est de préparer à une formation littéraire ou scientifique de haut niveau. Au terme de longues études (après l’obtention de l’agrégation et au minimum trois années de thèse de doctorat), les étudiants normaliens suivent une carrière universitaire dans l’enseignement universitaire et la recherche en sciences fondamentales, sciences humaines ou littérature.

Nous avons donc participé à une des Journées sur l’Antiquité que certains étudiants animent plusieurs fois par an afin de faire découvrir à des collégiens et lycéens l’Antiquité autrement. Le but de cette journée était d’en apprendre le plus possible sur les barbares dans l’Antiquité, des peuples qui ne parlaient ni grec ni latin ainsi que d’en apprendre plus sur l’Antiquité. Dès notre entrée nous avons été répartis dans 4 groupes représentant chacun une civilisation barbare différente tels les Germains, les Perses, les Huns ainsi que les Gaulois. La première activité que nous avons effectuée est une sorte de vrai ou faux dans lequel Artémise une reine grecque, Boudicca une reine d’un royaume de l’actuelle Angleterre et la reine des Amazones, qui sont toutes trois des femmes barbares, nous ont raconté des anecdotes sur leur personnage et c’était à nous de trouver les vraies et les fausses. En deuxième jeu, nous avons participé à un « Qui est-ce ? » sur différents personnages antiques et mythologiques représentatifs de la « barbarie » ; en fait, selon les critères de l’époque, les « barbares » désignent les étrangers, ceux qui ne parlaient pas ni le grec, ni le latin. Puis nous avons suivi un cours d’histoire sur les méthodes guerrières des barbares, à la suite duquel nous avons dû répondre à un Quizz à l’aide des éléments exposés ainsi que de notre culture personnelle. Enfin nous avons participé à un procès en tant qu’avocat pour ou contre et en tant que juges pour juger les peuples perses et bretons. Cette 1ère expérience a été très enrichissante : nous avons appris beaucoup de choses de manière ludique. Cet ainsi que cette matinée s’est achevée.


En début d’après-midi, nous avons eu l’immense chance d’assister à une conférence sur l’Antiquité, Mythe et Réalité sur les Invasions Barbares, préparée spécialement pour nous par Bruno Dumézil, professeur à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste du haut Moyen-Âge. Il nous a présenté les différentes théories qui expliqueraient la chute de l’Empire romain en 476 ap. J.-C. (et qui marque l’entrée dans le Moyen-Âge).
- La première est celle que l’on apprend à l’école : la théorie des migrations et des grandes invasions barbares qui auraient déstabilisé et précipité la chute de Rome. Cette hypothèse est la plus ancienne et date du début de l’archéologie au XIXesiècle, avec les fouilles des premières tombes de peuples « barbares » et l’idée des objets déterminants, qui dit que chaque peuple possède des objets culturels propres, tels que des armes, bijoux, poteries, etc., qui permettent de définir précisément à quel peuple la tombe appartient.
- Ensuite, il y a la théorie du métissage : quelques peuples, extérieurs au monde romain, migrent et arrivent dans l’empire, où ils se mélangent à la population, tout en gardant quelques traces de leurs origines. Ainsi, il n’y aurait pas eu de « grandes invasions » mais de « petits déplacements », sans affrontements, qui auraient formé de nouveaux peuples suite au mélange entre les populations « barbares » et la civilisation/population romaine.
- Il existe enfin une troisième hypothèse, plus récente, qui dit que la civilisation romaine se serait transformée suite à des crises dans l’empire : il y aurait donc eu une évolution de la civilisation et un changement de culture. Ainsi, être « barbare » serait devenu plus prestigieux qu’être « romain » et les habitants de l’empire auraient progressivement adopté la culture, par exemple les noms, des barbares.
- Cependant, aucune de ces trois théories ne saurait être considérée comme entièrement exacte, chacune présentant des faiblesses qui l’empêchent de refléter parfaitement la réalité. Par exemple, il y a bien des traces archéologiques d’affrontements violents dans le nord de l’Italie et dans l’actuelle Tunisie, ce qui n’est pas cohérent pas avec la deuxième et la dernière hypothèse.
Ce fut une magnifique expérience, très enrichissante : Bruno Dumézil était captivant, ses explications, très claires, et il nous a appris beaucoup d’informations sur cette période de transition encore méconnue et sujette à la controverse.

Suite à la conférence, nous avons été regroupés par groupe représentant chacune un peuple barbare : les Gaulois, les Germains, Les Huns et (nous) les Perses, que nous devions représenter. Le but de ce grand jeu était de créer un discours sous forme de plaidoirie pour notre peuple afin d’intégrer le Sénat Romain. Nous avons eu, pour nous aider à enrichir nos connaissances sur le peuple Perse, des interventions de personnages de différentes époques, tel que : Eschyle, un auteur tragique, Hérodote, un historien grec, Alcibiade, un homme politique athénien contemporain et la réalisatrice du film Les 300. Ces personnages étaient interprétés par les étudiants de l’ENS, membres de l’association Journées découvrir l’Antiquité. Dans un premier temps, ils nous exposaient des anecdotes et des informations sur les Perses. Puis dans un second temps nous leur avons posé de nombreuses questions pour disposer de plus de précisions. À la suite de ces interventions nous avons préparé notre discours, puis rejoint la salle principale pour écouter les restitutions des autres groupes et exposer la nôtre, qui fut prononcée par deux élèves de notre classe. Enfin nous devions voter pour le peuple le plus convaincant et le plus apte à entrer au Sénat. Malheureusement, nous avons fini à la deuxième place derrière les Germains. Les Gaulois ont fini troisièmes et les Huns derniers.

Jules, Lucas, Camile, Ninon, Eva, Adrien, Antoine, Gaston, Zakary, Lucien, Maxence, Louise, Raphaël, Lawrence, Ilyan, et Matthias, élèves latinistes de seconde